En d�fense de Charles Pieri
Oct 15, 2003

Un ami de Charles Pieri nous �crit

Je suis un nationaliste de la premi�re heure. Je suis un ami de C�. J�ai d�cid� de vous �crire pour la seconde fois afin de tenter de corriger quelques erreurs d�appr�ciation que vous avez commises, volontairement ou involontairement sur votre site.

Autant vous le dire tout de suite, je n�aime pas en g�n�ral vos analyses. Mais parce que votre titre a pris une importance d�mesur�e en Corse, je pr�f�re encore m�exprimer dedans plut�t que de laisser des id�es fausses sans contrepartie.

Je vous avais d�j� �crit au moment du proc�s de Christophe Pieri et de St�phane Sbraggia pour vous exprimer ma col�re caus�e par vos prises de position concernant ce proc�s. On peut avoir les sentiments que l�on veut. Lorsque la justice est en marche et qu�on pr�tend qu�elle constitue la pierre angulaire d�une soci�t�, il faut la laisser faire son travail.

Je regrette autant que vous le climat qui a entour� ce proc�s parce que je suis persuad� que l�absence de preuves, la faiblesse de l�enqu�te menait tout naturellement � un acquittement � moins d��tre partisan et de vouloir punir le p�re � travers son fils et l�ami du fils.

Je crains h�las qu�il n�en soit pas de m�me lors du proc�s en appel. Et c�est bien la preuve que rien dans cette affaire n�a �t� dirig� par un � parrain � masqu�. Moins on parle d�une affaire mieux elle est jug�e. Or Christophe et St�phane vont arriver � Lyon en appel avec un pr�jug� d�favorable tragique.

Concernant C�, je ne peux qu�apporter un t�moignage personnel n�cessairement subjectif puisque je le consid�re comme un ami. Pourtant, ce que je vous �cris est peut-�tre plus pr�cieux que tous les racontars que vous colportez et qui sont h�las la nourriture d�testable de la grande presse toujours avide du � plus � quand il s�agit de la Corse.

Charles est aussi un militant de la premi�re heure. Vous ne savez pas le courage qu�il fallait � la fin des ann�es 1970 pour s�engager dans un combat clandestin qui menait presque infailliblement � la prison. Sur d�nonciation il a �t� accus� de l�assassinat d�un l�gionnaire � Sorbo Ocognano le 11 f�vrier 1982. Le nom de Charles est comme par hasard sorti apr�s que la direction du Front ait jug� cette action comme contrevenant � la politique de discussion alors men�e avec le ministre de l�int�rieur Gaston Defferre. D�ailleurs le 2 mars suivant, la loi sur le statut particulier de la Corse �tait vot�e comprenant une amnistie couvrant aussi les crimes de sang. Cette annexe visait particuli�rement Alain Orsoni soup�onn� d�avoir dirig� le commando qui avait tir� sur l�ambassade d�Iran, blessant un gendarme.

Selon moi Charles a �t� sacrifi� � la raison d��tat. Des nationalistes qui le d�testent ont alors r�pandu qu�apr�s son arrestation il aurait � donn� � Felice Tomasi. Je conseille � ceux qui parlent un peu vite sans conna�tre de se renseigner et de simplement r�fl�chir � un fait : Felice Tomasi a �t� lib�r� apr�s une remise en libert� par la Cour d�assises de Bordeaux en 1988. Il avait effectu� une peine de 67 mois et a re�u � ce titre un million de francs. Croyez-vous vraiment que si la justice avait dispos� d�une d�nonciation en bonne et due forme, elle ne l�aurait pas utilis�e contre lui afin d�influencer le jury.

Mais en Corse les rumeurs ont longue vie et elles servent � ceux qui veulent nuire � autrui. Or contrairement � la l�gende, nous ne cessons de parler � tort et � travers ce qui fait le miel de tous vos confr�res.

La v�rit� est toute simple : Charles a r�ussi l� o� la plupart des dirigeants nationalistes ont �chou� ce qui lui a valu des inimiti�s durables. Il est le seul de la grande �poque � avoir constitu� une force militante capable d�en imposer � l��tat. On a beaucoup parl� de Bastia Securit� et du SCB. Oui c�est vrai que Bastia Securit�, coop�rative ouvri�re, sp�cialis�e dans le transport de fonds puis dans le gardiennage a jou� un r�le pr�pond�rant dans ces secteurs.

Et alors ? Quoi de plus normal que des nationalistes en imposent au grand banditisme. Nous avons pris des parts de march�. Et alors ? On nous reproche d�un c�t� d��tre improductif et voil� que d�s que nous levons le petit doigt nous devenons des supp�ts du grand banditisme.

Nous serions des racketteurs patent�s. Permettez-moi de mettre les pendules � l�heure. Ceux qui nous critiquent aujourd�hui et qui viennent de nos rangs ( je veux dire le FLNC) sont ceux qui ont initi� ce syst�me en l�officialisant � partir de 1982. Le FLNC Canal habituel a mis un terme � ce syst�me le jour o� ses affaires �taient suffisamment stables pour ne plus en avoir besoin. Quand aux autres organisations, � commencer par l�ANC, elles en ont largement profit� indirectement lorsque nous avons tout pris en main pour la victoire en 1992 de Corsica nazione. � l��poque ni l�ANC, ni les Verdi, ni l�UPC ne se sont interrog�s sur l�origine de l�argent.

Je ne vais pas ici entamer une justification de l�imp�t r�volutionnaire. Mais je voudrais simplement le ramener � de justes proportions. Elles sont infimes dans le fonctionnement de la clandestinit�. L�imp�t r�volutionnaire a surtout une fonction psychologique : il vise � souligner que ceux qui esp�rent profiter de la Corse devront contraint ou forc�es contribuer � un devenir commun bas� sur le respect de notre culture. Et cela n�est pas n�gociable.

Par ailleurs il est presque comique qu�on nous reproche une telle attitude, et avec quelle v�h�mence, alors que se d�roule un proc�s mettant en cause les plus hautes autorit�s de l�UMP accus� d�un racket en direction des entreprises.

C�est un secret de polichinelle que de d�voiler que tous les partis fran�ais respectables qui ont d�nonc� � l�horreur corse � se sont livr�s � une mise en coupe r�gl�e des entreprises fran�aises au nom du seul int�r�t leurs partis. En gros, ces organisations l�gales ont fait la m�me chose que ce qui nous est reproch�. En quoi ceux-l� auraient une quelconque l�gitimit� � nous reprocher quoi que ce soit. Or, comme le faisait remarquer l�un de vos articles, un d�lit commis par un Jupp� vaut infiniment moins au regard de la loi que le m�me d�lit commis par un Corse.

Continuez comme cela et nous aurons l�ind�pendance sans m�me la demander.

Enfin en vous en prenant � Charles Pieri au nom d�une morale frelat�e vous prenez le risque �norme de jeter l�eau du bain avec le b�b�. Votre r�pression n�a servi � rien contre la violence. Or la violence en Corse est pour moiti� une violence de droit commun. Imaginez seulement que notre g�n�ration qui n�a jamais commis d�assassinats comme l�ont fait l�IRA et l�ETA, disparaisse. Vous vous trouverez en face d�une g�n�ration qui n�a rien de politique et qui veut en d�coudre � tout prix. N�oubliez jamais qu�� vingt ans on se fiche des cons�quences de ses actes, ce qui n�est pas le cas, comme vous l�avez �crit � cinquante ans.

Charles n�est certainement pas un saint. Mais c�est le mieux dans les circonstances de la vie qu�il subit. N�oubliez jamais cela. Les Fran�ais ne savent pas ce qu�est le destin. Nous autres Corses en connaissons le prix. Peu d�entre nous ont eu la vie qu�ils esp�raient. Mais � un moment donn� il faut savoir effacer l�ardoise pour avoir la paix. Et cela est vrai sous tous les cieux. Pensez-y . La morale ne vaut que si elle est efficace. Monsieur Sarkozy est un ambitieux qui a pour ami un Balkany qui p�se infiniment plus lourd qu�un Pieri sur le plateau des p�ch�s.

Il doit savoir qu�� un moment donn� pour d�crocher le bouclier de Brenus, il faut faire des concessions. Voici le moment venu. Car � force de d�sesp�rer les gens on finit par leur faire commettre des actes d�sesp�r�s. Le gouvernement n�aime pas qu�on aille planter des aiguilles sur le continent. Et cela ne co�te pas grand-chose � une organisation clandestine. � lui de faire en sorte que la n�cessit� ne s�en fasse pas sentir. Nous voulons la paix et uniquement la paix pour la Corse.
� rundinella

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