Le vendredi 6 f�vrier � 17H30, les conjur�s se retrouvent dans un hangar automobile dans la zone commerciale de Baleone, � la sortie d'Ajaccio : chacun conna�t sa mission, il n'y a plus qu'� agir, si l'on en croit leurs premiers aveux recueillis par les enqu�teurs.
  
Didier Maranelli quitte les lieux le premier, direction le parking du port de l'Amiraut� o� il laisse son v�hicule et monte s'installer � la terrasse de l'un des caf�s du cours Napol�on en face du palais Lantivy, si�ge de la pr�fecture. Son r�le : alerter par portable les tueurs de la sortie du pr�fet.
  
Martin Ottaviani conduit la deuxi�me voiture, une Peugeot 306 blanche. Le cerveau pr�sum� de l'op�ration, Alain Ferrandi, a pris place � sa droite. Derri�re, Yvan Colonna et Pierre Alessandri ach�vent de se grimer, le premier se parant d'une perruque blonde, le second d'une casquette, de lunettes et de gants de jardinier.
  
Ils sont arriv�s un peu t�t et font donc les cent pas dans la rue Colonel-Colonna-d'Ornano, o� se trouve le th��tre municipal, et dans les petites rues adjacentes, tandis qu'Ottaviani, l'oreille tendue vers son walkie-talkie les attend non loin � bord de la 306, avenue Pr�sident-Kennedy, d'o� il assurera le repli du commando.
  
Ce n'est qu'� 20H56 que Ferrandi re�oit sur son portable l'appel de Maranelli: le guetteur signale que le pr�fet et sa femme, passant sous ses yeux, sont sortis en voiture du palais Lantivy et roulent vers le lieu du concert. Claude Erignac arr�te sa voiture devant le th��tre pour d�poser son �pouse Dominique puis repart se garer sur le Cours Napol�on.
  
Les Erignac sont des fid�les de l'association Musique en Corse et les tueurs �taient assur�s qu'ils honoreraient de leur pr�sence l'orchestre d'Avignon qui donne la symphonie "H�ro�que" que Beethoven, dans un premier temps, avait d�di�e au g�n�ral Bonaparte.
  
"C'est bon on l'a tu�"
  
Mme Erignac ne risque rien. Le commando a d�cid� depuis huit jours qu'elle n'�tait pas une "cible", � la diff�rence de son mari, "un symbole de l'�tat" qu'ils voulaient "taper".
  
En remontant � pied la rue Colonel-Colonna-d'Ornano, le pr�fet croise Alessandri qui le surveille. Colonna surgit, il embo�te le pas du haut fonctionnaire sous l'oeil de Ferrandi, pr�t � intervenir en renfort. Au moment o� le pr�fet parvient � la hauteur du restaurant le Kalliste, au 4 de la rue, le berger de Carg�se le rejoint et, � bout touchant, lui tire une balle dans la nuque avant de l'achever de deux autres balles. Mortellement atteint, Claude Erignac s'effondre sur le trottoir. Il est 21H05. Le tueur authentifie son crime en d�posant pr�s du corps le Beretta 9 mm vol� cinq mois plus t�t aux gendarmes de Pietrosella et s'enfuit avec ses deux complices.
  
Colonna, Ferrandi et Alessandri courent vers la Peugeot o� les attend Ottaviani qui vient d'�tre pr�venu de leur arriv�e par la liaison walkie-talkie maintenue avec Ferrandi : "C'est bon on l'a tu�", l�che l'un d'eux en montant dans la voiture. Direction Alata, village perch� derri�re Ajaccio o� Ottaviani d�pose ses trois passagers pr�s du domicile de Ferrandi.
  
C'est dans la chambre de ce dernier qu'ils allumeront la radio qui annonce d�j� ce "crime d'�tat" sans pr�c�dent: l'assassinat du pr�fet de Corse.
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