LA CRIMINALITE ORGANISEE ET SES ACTEURS

LE BANDITISME LOCAL

"LA BRISE DE MER"

Alors que je m'employais � r�unir des �l�ments d'information et les documents de synth�se existant sur les activit�s de la d�sormais mythique "BRISE DE MER", le journal "le MONDE" publiait dans son �dition du 31 mars 2000 un article intitul� "L4 JUSTICE EN CORSE FAIT DE LA CRIMINALIT� ORGANIS�E SA CIBLE PRIORITAIRE" SOUS la signature de Jacques FOLLOROU.

En r�ponse � l'annonce faite par votre Chancellerie de la "commande au parquet g�n�ral de Bastia d'un rapport estimant l'�tat de la r�alit� criminelle sur l'�le", M. FOLLOROU b�n�ficiait d'une "fuite" qui lui permettait d'�crire ceci

" Les autorit�s judiciaires disposent d'ores et d�j� d'une base "documentaire" constitu�e dans un premier temps, en 1998 et 1999, par la brigade nationale d'enqu�te �conomique de la direction centrale de la police judiciaire, puis transmise r�cemment au SRPJ d'Ajaccio. Un rapport d'�tape r�dig� � cette occasion permet de cerner les investissements criminels identifi�s en Corse et de mesurer !'ampleur des moyens dont disposent les acteurs de cette criminalit� organis�e."

Je prenais aussit�t l'attache du Directeur du SRPJ d'Ajaccio. Il m'invitait � me rapprocher du D.C.P.J adjoint, M. MARION, qui pouvait, seul, me renseigner utilement.
Je t�l�phonais, le 11 avril 2000, � M. MARION, qui m'indiquait que le rapport vis�e par la fuite n'�tait en r�alit� qu'une compilation de comptes bancaires sans grand int�r�t.

Je l'invitais � me faire parvenir le document. Je r�it�rais ma demande verbale le 10 mai 2000. N'ayant pas obtenu satisfaction, je contactais t�l�phoniquement le 9 juin 2000 M. RIOU, Directeur Central de la Police Judiciaire. Et je lui confirmais ma demande par lettre, le m�me jour. (annexe 21)
A la date de cl�ture du pr�sent rapport, je reste dans l'attente de la transmission sollicit�e.
Par lettre en date du 3 juillet 2000, le Directeur Central de la Police Judiciaire me faisait savoir qu'il �tait "au regret de m'informer du fait qu'il n'avait pas trouv� trace des deux rapports cit�e dans l'article du Monde... "
(annexe 22 )

Je vais donc me r�f�rer aux notes et comptes rendus r�guli�rement adress�s au parquet g�n�ral de Bastia du d�but des ann�es 1980, jusqu'au 9 d�cembre 1992, date de la derni�re note de synth�se �labor�e par le S.R.P.J d'Ajaccio, du mois � ma connaissance, pour reconstituer, d'une mani�re non exhaustive,

L'HISTOIRE DE LA" BRISE DE MER"

A la fin des ann�es 1970, plusieurs jeunes gens, issus de familles honorables install�es en Haute Corse, prennent l'habitude de se retrouver dans un bar, aujourd'hui disparu, tenu sur le vieux port par Antoine CASTELLI, � l'enseigne de "La Brise de Mer".

Se livrant � l'origine � des actes de petite d�linquance, ces individus basculent rapidement dans le grand banditisme. Ils d�veloppent d'autant plus facilement leurs activit�s que la situation politique se d�grade en Corse.

Quatre familles se distinguent
- La famille CASTELLI-SANTUCCI?MATTEI
- Les fr�res VOILLEMIER,,
- Les fr�res GUAZZELLI,
- Les fr�res PATTACHINI j

Ces individus sont soup�onn�s de commettre tant en Corse que sur le continent des vols � main arm�e en s�rie, avec effraction de coffres?clients dans des �tablissements bancaires en plein jour. L'on parle alors du "gang des postiches"

Le 22 juin 1984, la Brigade de Recherche et d'Intervention de Nice arr�te une �quipe de malfaiteurs, essentiellement compos�e de Bastiais : on peut leur imputer une quinzaine de vols � main arm�e sur la C�te d'Azur, dont neuf avec effraction de coffres?clients.

En mai 1984, � TOULOUSE, une fusillade op?pose la police � sept individus, qui viennent de fracturer 90 coffres dans une Caisse d'Epargne.
Un auteur, Fran�ois GANNEVAL est interpell� sur place et l'enqu�te permet d'�tablir que ses complices appartiennent � la "Brise de Mer".
Le 3 octobre 1984, � Neuilly sur Seine, une affaire similaire conduit � l'arrestation de trois individus dont deux membres de la m�me bande.

Le 21 a�ut 1998, Georges SEATELLI est assassin� � Biguglia, pr�s de Bastia, par \' deux individus qui lui tirent plusieurs coups de feu dans le dos, et qui n'ont pas �t� identifi�s ...

Plusieurs de ces assassinats sont en rapport direct avec la prise de contr�le d'�tablissements de nuit, notamment ceux dont ont �t� victimes les fr�res ZIGLIOLI, Paul QUASTANA, Joseph SILVAGNOLI, Dominique CORTOPASSI..
Changent ainsi de mains

Le "BIBLOS" � Calvi (incendi� en 1986) ? le "STARLIGHT � Calvi ; ? le "CHALLENGER" � l'Ile Rousse; ? le "PALLADIUM" � Saint Florent; ? "l'APOCALYPSE" � Bastia; ? le "MIDNIGHT" � Cervione ; ? le "NEW CLUB" devenu "L'AVENTURE" � Corte.

Les attentats favorisent bien s�r plusieurs cessions. Par exemple, Jo�l MARTIN, victime d'un attentat � ALGAJOLA, c�de pour une somme modique, son commerce qui devient la "S.A.R.L CORSICA" g�r�e par Benoit GRISONI.

En effet, les individus consid�r�s comme �tant des membres influents de la "Brise de Mer" ne se contentent pas d'investir le secteur des discoth�ques, bars et h�tels. Ils p�n�trent le monde des affaires au sens plus large, s'emparant de "commerces classiques", de v�tements, de petite distribution ...
Face � cette �volution, M. MANCINI , actuel pr�fet adjoint pour la s�curit� en Corse, et alors Directeur du S.R.P.J d'Ajaccio sollicite, en octobre 1984, du parquet de Bastia, l'ouverture d'une information pour association de malfaiteurs.

De long mois plus tard, cette demande aboutit et le 17 octobre 1986, un juge d'instruction de Bastia donne commission rogatoire � l'Office Central de R�pression du Banditisme et au S.R.P.J d'Ajaccio.
Quatre �tablissements bastiais sont cibl�s. Treize individus sont plac�s en garde � vue.
Le d�lit d'association de malfaiteurs ne peut �tre caract�ris�. ,
Quelques poursuites pour infractions aux lois sur les soci�t�s et abus de biens sociaux sont envisag�es. L'administration fiscale intervient � son tour.
Le bilan des ces actions est d�cevant. Elles n'ont en tout cas pas permis de menacer v�ritablement les individus cibl�s.

Les m�mes individus sont mis en cause dans d'importants vols � main arm�e commis en Corse. Quelques exemples peuvent �tre donn�s
* le 12 avril 1982, mettant � profit le long week end dgP�ques, plusieurs hommes fortement arm�s entrent, apr�s avoir perc� le mur, dans la salle des coffre de l'agence du Cr�dit Lyonnais de Bastia, 22, rue C�sar Campinchi. Ils neutralisent le syst�me d'alarme et fracturent de nombreux coffres de clients et le coffre de nuit de l'�tablissement.
Ils prennent la fuite, d�rang�s par le concierge, en emportant un butin �valu� � 30 millions de francs.
* le 16 ao�t 1983, quatre ou cinq individus cagoul�s et arm�s attaquent un fourgon de la soci�t� de Transport de fonds "STF", sur la route imp�riale � proximit� de Bastia. Ils d�robent les armes des convoyeurs et une somme de 170 000 F.
* plus r�cemment, le 22 octobre 1992, plusieurs malfaiteurs arm�s notamment d'un bazooka attaquent, rue Capanelles � Bastia, un fourgon de la soci�t� SECURIPOST et s'emparent de la somme de 6.650.000 F.
Les enqu�tes diligent�es sur ces faits n'aboutissent pas.
Parall�lement, les assassinats se multiplient. En septembre 1981, celui de Louis MEMMI, jusque l� parrain incontest� en Haute Corse, est le premier d'une longue s�rie de r�glements de comptes qui, selon les enqu�teurs, peuvent �tre mis � la charge du banditisme bastiais.
Entre le 10 septembre 1981 et le 10 novembre 1983, quinze assassinats et six tentatives d'assassinats sont commis en Haute Corse.
L'un d'entre eux est fr�quemment mis en exergue: le 14 septembre 1982, Daniel ZIGLIOLI, g�rant du "CASTEL" bo�te de nuit implant�e sur la commune de Taglio Isolaccio est abattu alors qu'il sort en voiture de son entrep�t de Cervione (Haute Corse). Deux hommes sur une moto l'abordent. Le passager vide sur lui un chargeur de PA Colt 45.

Les fonctionnaires du S.R.P.J interpellent trois individus: Robert MORACHINI,
Pierre SANTUCCI, et Georges SEATELLI, qui sont inculp�s, le premier pour assassinat et les deux au res pour complicit� de ce crime.
Les charges sont lourdes. Un t�moignage d�terminant a �t� recueilli.
Apr�s d�paysement de la proc�dure, les trois individus comparaissent en juin 1985 devant la Cour d'Assises de Dijon.
acquitt�s. Le principal t�moin se r�tracte. Des alibis surgissent. Les trois accus�s sont d�j� �voqu�e
Le S.R.P.J d'Ajaccio r�sumait ainsi la difficult� de la t�che dans sa note d' 1992,
" Souvent soup�onn�es, d�nonc�s anonymement, quelquefois � la suite d'affaires marquantes, interpell�s, le plus souvent remis en libert� faute d� preuves et de t�moignages, ils
e sentent invuln�rables et font, pour certains, r�gner la terreur dans toute la Haute Corse, o� ils volent, pillent, menacent, rackettent, sans jamais qu'une plainte ne soit d�pos�e."
Deux proc�dures permettent d'illustrer encore cette difficult�
o vol � main arm�e commis le 4 novembre 1988 i~ Pietralba (Haute Corse)
Cinq individus lourdement arm�s (lances?roquettes, fusils mitrailleurs ...) et cagoul�s attaquent un fourgon blind� de la soci�t� SECSO qui revient d'une collecte de fonds en Balagne. Ils d�robent plus d'un million et demi de francs.
Rapidement les trois convoyeurs avouent qu'il s'agit d'un simulacre d'agression et ils d�noncent les organisateurs et acteurs de l'op�ration : Guy et Gilbert VOILLEMIER, Fran�ois SANTUCCI, Francis GUAZZELLI, Christian LEONI, et Jo�l PATTACHINI.
Les fr�res VOILLEMIER et GUAZELLI peuvent �tre arr�t�s. Ils nient les faits.
D�s le 22 novembre 1988, le juge d'instruction met en libert� Gilbert VOILLEMIER et Fran�ois GUAZELLI qui "prouvent" par des t�moignages qu'ils n'ont pas pu participer � l'agression.
LEONI est interpell� le 19 mars 1989 et incarc�r�. Les convoyeurs se retractent. Le juge d'instruction ordonne la remise en libert� de LEONI et de Guy VOILLEMIER d�s le 16 mai 1989.
Le 19 juillet 1989, la chambre d'accusation de Bastia ordonne le maintien de la d�tention provisoire du second mais confirme la mise en libert� du premier.
Le 23 octobre 1989, le juge d'instruction ordonne la mise en libert� des trois convoyeurs. Ses d�cisions sont confirm�es par la chambre d'accusation le 22 novembre 1989.

Finalement, apr�s correctionnalisation, le tribunal de grande instance de Bastia condamne Guy VOILLEMIER et PASTINI � trois ans d'emprisonnement ferme, les trois convoyeurs � deux ans d'emprisonnement ferme, et ce, par jugement en date du ler juillet 1997.
Les m�dias insulaires n'ont accord� aucune attention � cette condamnation ...
Vol � main arm�e avec prise d'otage commis le 10 septembre 1992 � Cardo
Le 10 septembre 1992 deux individus cagoul�s et arm�s interceptent pr�s de Cardo (Haute Corse) le v�hicule � bord duquel ont pris place M. GIORDANI, convoyeur de fonds au service de la soci�t� TRANSBANK et son �pouse.
Les malfaiteurs prennent Mme GIORDANI en otage et ordonnent � son mari de proc�der normalement � sa tourn�e de collecte de fonds et de leur livrer le fourgon � la fin de ses op�rations apr�s avoir �loign� ses coll�gues.
Le convoyeur s'ex�cute. Les auteurs des faits emportent un butin de 3 millions de francs.
Un gendarme en permission, t�moin de la fin des faits, identifie formellement l' un des deux auteurs comme �tant Michel CHIAPPALONE.
D�s le l er d�cembre 1992, estimant que "le t�moignage ayant mis en cause CHIAPPALONE n'avait pas montr� au cours de la reconstitution toute la force probante souhait�e", le juge d'instruction ordonne la mise en libert� de l'int�ress�.
Apr�s diff�rents �pisodes proc�duraux, qu'il serait trop long d'�voquer, l'affaire est correctionnalis�e.
Michel CHIAPPALONE est condamn� par jugement en date du 8 juillet 1997 � cinq ans d'emprisonnement. Mais le tribunal ne d�cerne pas de mandat � l'encontre du condamn�.
Le 10 mars 1999 la Cour d'Appel de Bastia confirme la condamnation.
Michel CHIAPPALONE, directeur salari� et en r�alit� g�rant de fait du caf� "PALAIS DES GLACES" � Bastia prend la fuite.
Il n'a pas �t� retrouv� � ce jour.
Le 25 mars 1990 un hold up pr�sent� par beaucoup comme "le casse du si�cle"
est commis 8, rue du Rh�ne, � Gen�ve, au pr�judice de L'UNION des BANQUES SUISSES (UBS)

Quatre hommes neutralisent le concierge et un salari�, d�connectent le syst�me de s�curit� et vident les coffres. Ils emportent une somme globale de 31 millions de francs suisses, soit 125 millions de francs fran�ais.
Les autorit�s judiciaires suisses d�noncent les faits aux autorit�s judiciaires fran�aises, des soup�ons pesant sur des citoyens fran�ais, dont certains d'origine corse, susceptibles d'appartenir � la "Brise de Mer".
L' information ,ouverte � Paris, est cl�tur�e depuis peu de temps
Par arr�t en date du 26 janvier 2000, les nomm�s Andr� BENEDETTI, n� le 6 septembre 1936 � TIENTSIN (Chine) \` ? Richard CASANOVA n� le 3 juillet 1959 � Bastia
Alexandre CHEVRIERE n� 1e~20 f�vrier 1952 � Marseille
Jacques PATTACCHINI n� le 14 ao�t 1953 � Bastia ,. ? et Jo�l PATTACHINI n� le 14 septembre 1955 � Bastia ont �t� renvoy�s devant la Cour d'Assises de Paris.

L'APPROCHE ACTUELLE DE LA BRISE DE MER

Selon certains "observateurs privil�gi�s" et services sp�cialis�s, le grand banditisme en Haute Corse a �volu�, il s'est adapt�, d'aucun disent qu'il a vieilli.
Ses membres ont renonc� aux actions spectaculaires en Corse, apr�s avoir largement investi le tissu �conomique local mais en conservant une "force de frappe" dissuasive et convaincante. y
Une constatation plaide en faveur de cette �volution
L'un de mes pr�d�cesseurs analysait, dans un rapport en date du 25 novembre 1985, l'�volution des vols � main arm�e en Corse

Il notait que les 152 VMA commis entre le 1 er Janvier et le 25 novembre 1985 se r�partissait, s'agissant des victimes de la mani�re suivante
HAUTE CORSE CORSE DU SUD
P.T.T 22 6
BANQUES 19 5
TRANSPORTS DE FONDS 1 0 3
AUTRES 51 36
TOTAL 102 50

En Haute Corse, 50 % des VMA avaient �t� commis au pr�judice des banques, postes et transports de fonds . En Corse du sud, ce pourcentage �tait de 28 %.
Je rappelle que pour les premiers mois de l'ann�e 2000, sur 45 VMA commis, 2 l'ont �t� au pr�judice d'agences bancaires, soit 4,4 %, aucune agence postale, aucun transport de fonds n'ayant �t� touch�.
II convient de noter que, depuis 1985, le secteur de transport de fonds a consid�rablement �volu� avec l'irruption de "BASTIA SECURITA" comme cela sera �voqu� plus loin.
Mais au del� du recul des op�rations les plus spectaculaires, il est incontestable que les activit�s du banditisme de Haute Corse restent intenses.
J'ai d�j� fourni les chiffres concernant la criminalit� de sang et la multitude des r�glements de comptes ; j'ai d�j� analys� les attentats et not� que les commer�ants constituaient la grande majorit� des victimes de cette violence.
Parmi les derni�res manifestations de cette vitalit� du banditisme local, j'isolerai
la tentative de racket commise � SARTENE le 3 juillet 2000 au pr�judice d'un restaurateur. i
Le 4 juillet, les services de gendarmerie, alert�s par le commer�ant, interpellaient _ , cinq individus arr�t�s en possession d'armes, de cagoules, de cl�s correspondant � un v�hicule vol�. .

Francis MARIANI, Pierre Marie SANTUCCI, Maurice COSTA, originaires de Haute Corse et fort c�l�bres, Alexandre CHEVRIERE, renvoy� devant la Cour d'Assises de Paris pour sa participation au hold up commis le 25 mars 1990 � l'encontre de l'UB.S de Gen�ve et Eric MORAND, les deux derniers r�sidant habituellement � Marseille, �taient mis en examen par _M. CAMBEROU, juge d'instruction � AJACCIO pour tentative d'extorsion de fonds en bande organis�e, association de malfaiteurs et infraction � la l�gislation sur les armes. Ils �taient �crou�s.
Le 7 juillet, le commer�ant dont les d�clarations avaient permis l'interpellation des malfaiteurs, faisait?para�tre un communiqu� d�sesp�r� dans la presse locale, pour tenter d'expliquer qu'il �tait �tranger � l'affaire.
Les diff�rents enqu�teurs et responsables des services de police, qui se sont employ�s � lutter contre "la brise de mer" au cours de ces derni�res ann�es et que j'ai pu rencontrer m'ont propos� la m�me analyse.
La "brise de mer" n'a jamais constitu� un gang, une bande organis�e, hi�rarchis�e, structur�e d'une mani�re verticale.
L'erreur a certainement consist� � avoir une approche globalisante et donc � mettre en oeuvre des actions inadapt�es. s'est agi, en r�alit�, d'une criminalit� prot��forme, � l'organisation tr�s complexe, pratiqu�e par des groupuscules, constitu�s sur une base familiale, qui se sont associ�s en fonction des circonstances, mais qui ont toujours conserv� leur autonomie. Les membres de ces �quipes ne se sont pas enferm�s dans les secteurs traditionnels du banditisme,(V.M.A, machines � sous, drogue, prostitution ... ) mais ils ont investi leurs butins dans les secteurs de l'�conomie traditionnelle.
Leur p�n�tration a �t� facilit�e par la p�nurie de capitaux qui caract�rise la situation locale. Le financement officiel y est difficile.
Celui qui dispose d'un capital important, imm�diatement disponible et d'une "logistique" peut faire d'�normes d�g�ts.
Les m�mes individus n'ont pas limit� leurs investissements � la Corse. Ils ont op�r� aux plans national et international, utilisant toutes les facilit�s offertes par les circuits internationaux, et les faiblesses de nos structures internes.

Si la lutte contre les manifestations violentes de ce banditisme local reste une priorit�, nous devons l'attaquer sur le terrain qui est d�sormais le sien, celui de la conqu�te et du contr�le de l'�conomie locale, �tant encore rappel� qu'il n'y a pas "de chef d'orchestre occulte", mais une multitude d'intervenants qui peuvent conna�tre des solidarit�s ponctuelles.
Je puis ici vous confirmer les derni�res initiatives d�j� prises par le parquet de Bastia.

Distribution du caf� en Corse

Le procureur de la R�publique de Bastia, ayant obtenu des informations selon lesquelles certains individus, proches de la "Brise de Mer", prenaient une part active � la distribution du caf� en Corse, requ�rait le 7 septembre 1998 la Division nationale des Investigations Financi�res de la D.C.P.J de proc�der � une enqu�te.
Le 9 d�cembre 1999, le service sollicit� rendait compte du r�sultat de ses investigations. (annexe 23)
Apr�s examen du dossier par le p�le �conomique et financier, l'ouverture d'une information a �t� requise, le 21 avril 2000, pour abus de biens sociaux, banqueroute et recel.
M. DUCHAINE, juge d'instruction a �t� saisi du dossier.

Conditions de reprise de la Soci�t� Insulaire Automobile (PEUGEOT)

Courant septembre 1998, la Brigade Nationale Economique �tait charg�e d'�tudier les conditions financi�res de la reprise de la Soci�t� Insulaire Automobile, concessionnaire de la marque Peugeot pour la Haute Corse. (annexe 24)
Au vu des r�sultats de cette enqu�te, le parquet de Bastia requ�rait, le 2 mai 2000, le S.R.P.J d'Ajaccio de proc�der � une enqu�te pr�liminaire aux fins de v�rifier l'origine des fonds investis.

Installation illicite de machines � sous � Bastia et en Balagne

Le 13 mars 2000 une information a �t� ouverte au cabinet de juge d'instruction � Bastia, du chef de blanchiment � la suite de la transmission faite par TRALr... et au vu de l'enqu�te pr�liminaire effectu�e par l'antenne de Bastia du S.R.P.J d'Ajaccio avec le soutien des assistants sp�cialis�s du P�le Economique et Financier sur les activit�s de M. I VITTINI.
Le juge d'instruction saisi a d�livr� commission rogatoire aux autorit�s judiciaires mon�gasques et s'est transport� dans la Principaut� au cours de la derni�re semaine du mois de juin 2000.
o Le 14 avril 2000 la section des recherches de la gendarmerie d'Ajaccio a �t� charg�e de v�rifier le fonctionnement et le financement du club de remise en forme et de musculation, install� boulevard du Fango � Bastia.
o Le m�me jour, le m�me service a �t� requis de proc�der � une enqu�te compl�te sur le financement de la construction de l'ensemble immobilier "le C�zanne" rue de l'usine � Gaz � Bastia.
o le 17 mai 2000 une enqu�te � �t� confi�e au S.R.P.J d'Ajaccio, avec mission d'analyser les mouvements tr�s importants constat�s en 1995 sur les comptes de Madame FILIPPI et signal�s le 24 avril 1996 par TRACFIN au parquet de Bastia.
IL existe des pr�somptions d'abus de biens sociaux susceptibles d'avoir �t� commis � l'occasion du transfert de la concession HERTZ de Haute Corse.
o Le 14 juin 2000, une information a �t� ouverte au cabinet de M. DUCHAINE pour association de malfaiteurs, � la suite des investigations men�es sur un trafic de machines � sous constat� dans la plainte orientale.
o Le m�me jour, une information a �t� ouverte au cabinet de M. DUCHAINE � la suite d'une transmission de TRACFIN et d'une enqu�te diligent�e par la section des recherches de gendarmerie sur la fabrication de cartes informatiques destin�es � des machines � sous et l'exploitation d'un casino virtuel par la soci�t� EUROGAMES DIFFUSION � Prunelli di Fiumorbu. L'information concerne des faits de fabrication, mise � disposition, exploitation de jeu de hasard, de blanchiment aggrav� et de recel.
Toutes les enqu�tes ainsi ordonn�es sont activement suivies par le P�le Economique et Financier.

LE BANDITISME DANS LE SUD DE L'ILE

Les services charg�s de lutter contre la criminalit� organis�e m'ont indiqu� qu'ils n'�taient pas en mesure de me fournir d'�l�ments de synth�se actualis�s sur ses manifestations en Corse du Sud.

Ils m'ont expliqu� que si l'on pouvait parler d'organisation familiale pour la Haute Corse, il fallait consid�rer que la criminalit� connaissait en Corse du Sud une "organisation f�odale".

*
* *

Les enqu�teurs implant�s en Corse depuis plusieurs ann�es m'ont communiqu� certaines explications sur l'histoire de ce banditisme.

- Dans les ann�es 1970, de nombreux r�glements de comptes, une quinzaine, ont ensanglant� la r�gion du Valinco (Propriano, Sart�ne, Olmeto) et celle d'Ajaccio.

Des observateurs ont parl�, � cette �poque, d'un "TRIANGLE DES BERMUDES"

Entre 1974 et 1982 les nomm�s Louis BENEDETTI, Simon NICOLAI, Antoine LECA, Jacques BENEDETTI, Charles NICOLAI, Pierre RECCO, Jacques SETIER, Marie MONDOLONI, Franco ULERI, Bemard SANTONI, Antoine PARIS, Vincent RECCO, Jules LEONETTI, Antoine LEONETTI ont �t� abattus dans le cadre d'une guerre que se livraient "les gens du VALINCO entre eux" pour conqu�rir le march� des machines � sous et la ma�trise du racket.

- Les ann�es 1980 ont �t� marqu�es par trois faits majeurs : l'affaire Guy ORSONI, l'affaire de la Maison d'Arr�t d'Ajaccio et l'affirmation dans le milieu du banditisme de certains individus du VALINCO.

*l 'enl�vement et l'assassinat, le 17 juin 1983, de Guy ORSONI.

Selon les enqu�teurs, cet enl�vement aurait eu pour origine "une tentative de racket voire d'�limination physique envisag�e par la famille ORSONI (Roger) sur la famille LECCIA de Porto Vecchio".

Inform� de ce projet, Jean Marc LECCIA aurait sollicit� Jean ALFONSI, dit "Jeannot le Long" parrain du VALINCO, qui avec l'aide des nomm�s Henri Rossi, Paul ANDREANI et Salvatore CONTINI, aurait proc�d� � l'enl�vement et � l'assassinat de Guy ORSONI, dont le corps restera introuvable.
L'enqu�te alors diligent�e par le S.R.P.J d'Ajaccio permettait de r�unir des �l�ments suffisants � la charge d'un certains nombre d'individus et en particulier des individus d�j� cit�s, qui �taient incarc�r�s.
Alain ORSONI, fr�re de Guy, et leader nationalit� charismatique, collaborait, dans un premier temps, avec les enqu�teurs, avant de "basculer" et d'expliquer, en d�veloppement une intense campagne m�diatique, que son fr�re avait �t� victime d'un "assassinat politique", explication plus noble et plus "protectrice de la m�moire des morts".
* Le 7 juin 1984, un commando compos� des nomm�s Pierre ALBERTINI, No�l PANTALACCI, Napol�on ALESSANDRINI et Jean Dominique VESPERINI, investissait la Maison d'arr�t d'Ajaccio.
Jean Marc LECCIA et Salvatore CONTINI �taient abattus dans leur cellule.
Paul ANDREANI �tait assassin�, � Ajaccio, le 8 janvier 1986.
Jean ALFONSI et Henri ROSSI d�c�daient de mort naturelle ...
Disparaissaient ainsi les principaux protagonistes de l'affaire de l'enl�vement de Guy ORSONI.
* A partir de 1983?1984, des individus originaires du VALINCO et jusqu'alors connus pour se livrer � des vols � main arm�e sur le continent, commencent � op�rer en Corse du Sud en faisant alliance avec des individus implant�s � Ajaccio.
Les nomm�s Christian LEANDRI, Dominique PAOLI, G�rard FRANCHI, G�rard BATTINI, Bernard PIETRI, Antoine MOTTA, s'affirment dans le racket, l'implantation et l'exploitation des machines � sous.
Ils s'opposent � 1 �quipe dirig�e par Roger POLVERELLI et Jean Pierre LECA.
S'ensuit une nouvelle s�rie de r�glements de comptes. Assassinats et tentatives d'assassinats se succ�dent (3juin 1986 : les fr�res POLVERELLI ; le 21 septembre 1987; MOTTA et PIETRI ; 17 f�vrier 1988: Jo�l BIZZARI ; 30 ao�t 1988 ; G�rard BATTINI ; 19 juillet 1989: G�rard FRANCHI; 16 novembre 1990 ; Christian LEANDRI ; 21 d�cembre 1990 Dominique PAOLI et Pierre PANTALACCI ...)

En 1993, les services sp�cialis�s consid�raient que ces diff�rentes �liminations physiques avaient mis "LE VALINCO" hors d'�tat d'op�rer utilement dans la r�gion d'Ajaccio.
L'approche de la criminalit� organis�e affectant aujourd'hui le Sud de l'Ile, se r�sumera � une s�rie de questions, d'interrogations.

Jean Baptiste dit Jean J� COLONNA ("la statue du Commandeur...")

Tous mes interlocuteurs, sans exception, m'ont pr�sent� Jean Baptiste COLONNA comme l'�l�ment majeur, incontournable de la criminalit� organis�e en Corse du Sud.
Mais, pour citer le responsable d'un service local, "tout le monde a planch� sur lui, le fisc a beaucoup travaill�, en vain".
V�rifications faites, aucune proc�dure n'est actuellement diligent�e � l'encontre de M. COLONNA; aucune condamnation ne figure � son casier judiciaire.
N� le 24 juin 1939 � SARTRENE, Jean J� COLONNA est interpell� le 31 janvier 1975 � Marseille dans le cadre d'une proc�dure de trafic de stup�fiants, et � l'issue d'une longue enqu�te men�e conjointement par les polices fran�aise et am�ricaine. Il se dit alors exploitant du bar "La Folle Epoque", 10, place F�lix Barret � Marseille. Il est plac� en d�tention provisoire.
Il s'�vade le 28 juillet 1975, de l'H�tel Dieu de Marseille.
Apr�s avoir "purg� sa situation p�nale" (prescription de la peine prononc�e pour �vasion, sursis obtenu pour la condamnation prononc�e pour trafic de stup�fiants) Jean Baptiste COLONNA peut "rentrer au pays" en 1985.
L'int�ress� est habituellement pr�sent� comme le v�ritable propri�taire de plusieurs h�tels et �tablissement de nuit du sud de l'�le, dirig�s par des pr�te?noms
Il aurait des int�r�ts importants en Afrique et en Am�rique.
A ce jour, le parquet n'a eu acc�s a aucun �l�ment de nature � justifier la mise en oeuvre de l'action publique.