Ils sont d�sormais expos�s � la sentence de la rue
Le Vendredi 13 �tait donc un jour de chance pour les Pieri et compagnie. Christophe Pieri et St�phane Sbraggia ont �t� acquitt�s par la Cour d'Assises de la Haute-Corse apr�s deux heures et demi de d�lib�rations. Un record de rapidit� pour une affaire aussi compliqu�e.
"C'est le proc�s de la peur" avaient affirm� les avocats de la partie civile. La d�fense avait r�clam� la relaxe pure et simple, Ma�tre Seatelli allant jusqu'� oser pr�tendre que la peur se trouvait dans le camp des Pieri et consorts. Il avait aussi affirm� qu'aucune preuve mat�rielle n'existait et que l'accusation avait �t� b�tie sur des rumeurs, d�non�ant la "raison d'�tat qui avait envoy� les deux accus�s aux Assises".
Un commissaire de police avait os� dire qu'il ne b�tissait pas son enqu�te sur des rumeurs. Il voyait toutes les semaines St�phane Sbraggia qui venait pointer pour des questions d'ordre judiciaire. Mais il n'�tait jamais venu � l'esprit de ce g�ant de l'enqu�te de l'interroger. On aurait presque cru que l'�tat fran�ais ne voulait pas alors s'en prendre � ses anciens alli�s. Comment expliquer que des hommes arm�s jusqu'aux dents, pouvaient circuler librement alors que la DNAT et le pr�fet Bonnet se d�cha�naient ?
Avant que la Cour se retire pour d�lib�rer, Christophe Pieri a d�clar� : " Je m'incline devant la douleur des familles, mais je clame mon innocence depuis cinquante mois. Je suis incarc�r� depuis trois ans et demi pour quelque chose que je n'ai pas fait; je veux retrouver ma famille et mon fils ". Christophe Garelli n'aura, lui, jamais cette chance.
Cette relaxe est une non-r�ponse � une question lancinante en Corse : qui dirige quoi ? Les bandes arm�es feront-elles la loi contre l'immense r�probation des citoyens? Peut-on esp�rer autre chose que le silence des t�moins quand la police et la gendarmerie se comportent avec autant de " circonspection ", quand les autorit�s n'offrent aucune protection � ceux qui auraient le courage de se comporter en citoyen ? Le mutisme d'Antony Bozzi devant la Cour aurait �t� ailleurs puni pour outrage � magistrats. Ici tout le monde subit jusqu'aux Pieri et autres Sbraggia qui vont d�sormais devoir faire attention jusqu'� leur ombre. Le coup fatal pourra venir des ennemis mais peut-�tre aussi des amis qui un jour seront lass�s des comportements de ces tyranneaux de village.
Le procureur de la R�publique peut faire appel du verdict de la Cour d'Assises. C'est d�sormais chose faisable. En pareil cas, une nouvelle Cour d'Assises se r�unirait ailleurs. Peut-�tre jugerait-elle autrement. Mais alors les Pieri auraient beau jeu de hurler au racisme anti-corse. La haine s'est durablement install�e en Corse. Elle n'est pas pr�te de s'envoler m�me si les nationalistes multiplient les paroles de bonnes intentions. Un ami de Christophe Garelli rappelait que la vengeance est un plat qui se mange froid et qu'en Corse le temps n'efface rien du tout.
Faute d'avoir su trouver une voie de conciliation, il semblerait que la cour d'Assises ait jet� de l'huile sur un incendie qui couve. Auquel cas, Charles Pieri pourrait, en croyant les sauver, avoir pr�cipit� ses enfants dans un gouffre.
Quatri�me journ�e du proc�s Garelli: "un syst�me familial-mafieux pseudo politique, un syst�me sicilien de bas �tage "
Retour sur une triste journ�e pour la Corse. Le mercredi, jour des m�mes, les deux fils de Charles Pieri ont papot� en riant tandis que devant eux se jouait un drame : celui d'un jeune homme abattu dans le dos par des l�ches. Le p�re de Christophe Garelli a tort de penser que ce sont des l�ches parce qu'ils ont ainsi tu� un Corse. Ils sont des l�ches parce qu'ils ont tu� un �tre humain. Et si Christophe Garelli avait �t� un Arabe ou un Italien, le crime eut-il �t� moindre ? Certainement pas.
Le p�re de ces deux gar�ons (adoptons le terme de p�re puisque l'un l'est assur�ment tandis que l'autre semble l'avoir �t� par une sorte d'adoption qu'on ose � peine appeler intellectuelle), Charles Pieri, est � lui seul une arm�e de singes aveugles, muets et sourds. Pire il ne se souvient m�me pas particuli�rement de cette soir�e. Il doit �tre de ces hommes qui assistent tous les jours � des assassinats. Alors un de plus ou un de moins, quelle importance ? "Quand le drame s'est produit, je suis parti avec ma famille (...) avec mon fils Christophe et St�phane Sbraggia � mes c�t�s", a-t-il assur� sans craindre de voir son nez s'allonger jusqu'� l'infini.
Charles Pieri est un petit monsieur qui se donne des allures de seigneur quand il n'est qu'un saigneur.
Et les autres t�moins ? Quelle catastrophe ! Marc Ventura, un ami comme on n'en souhaite � personne. "J'ai dit � Christophe, on s'en va, nous sommes partis dans la ruelle, j'ai entendu des coups de feu. Je me suis accroupi pour me cacher". "Et ensuite, vous n'avez pas vu quelqu'un passer entre vous et la victime?", le questionne l'avocat g�n�ral. "Non", r�pond le t�moin accabl�. Il ne se souvient d'ailleurs de rien, d'aucun visage, dit n'avoir "pas senti son ami en danger". Il ajoute faraud : " On ne s'inqui�te pas � chaque accroc " Et pour un accroc c'�tait un accroc. La Pr�sidente Chapon n'en peut plus. Elle lance avec m�pris et � propos. "Pour vous battre, vous �tes des gar�ons, mais pour parler, je suis oblig�e de vous tirer les vers du nez ". Et c'est vrai qu'il y aurait plus de courage � parler l� devant la bande � Pieri qu'� jouer les coqs de village, un flingot sur le sexe quand le danger n'est pas l�.
� l'ancienne compagne de Sbraggia, l'avocat g�n�ral demande: " Ne croyez-vous pas �tre en train de vous moquer de la cour?". "Non, je ne crois pas", r�pond-elle invariablement. Honte sur ces l�ches m�me si leur attitude est compr�hensible. Honte sur la police et la gendarmerie qui n'ont pas fait leur travail. Honte sur la justice qui n'a pas proc�d� aux mesures normales. Honte enfin � tous ces amis de Christophe Garelli qui ont laiss� la pauvre famille esseul�e au milieu de ses bourreaux. Une exception pourtant : celle de l'abb� Mondoloni, militant de l'ANC qui a tenu � t�moigner seul de sa solidarit�.
Jeudi : baroud d'honneur plus qu'honorable des d�fenseurs de la partie civile. Les avocats Mondoloni et Marriagi ont sauv� ce jour-l� l'honneur de leur communaut�. Ils ont d�nonc� " le contexte de terreur" mis en place par un nationalisme d�voy� " gr�ce auquel les pr�sum�s assassins auraient agi. Si la bande � Pieri avait pu les couper en morceaux, elle l'aurait fait sans h�siter. Mais il existe encore quelques r�gles qui doivent �tre respect�es m�me � Bastia. Ces deux hommes courageux n'ont pas h�sit� � mettre en cause, l'Intouchable, l'Intoccabile Charles Pieri et la Cuncolta, son mouvement politique, cache-sexe du FLNC Canal historique. Ils le d�crivent comme "un syst�me familial-mafieux pseudo politique", "un syst�me sicilien de bas �tage " Me Jean-J�r�me Mondoloni n'a pas la langue dans sa poche et �a fait un bien fou apr�s le mutisme de tous ces t�moins. Ma�tre Jean-Michel Marriagi, d�crit un "enchev�trement d'int�r�ts politiques, financiers et familiaux, l'aboutissement d'un nationalisme d�voy� ".
Avec force, il pr�dit � la Corse un sombre avenir : " Ce syst�me tyrannique (...) que ces gens nous pr�parent, est en gestation. Il tend � gangrener toute la soci�t� sur cette �le." Puis il �voque la venue du ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy, pr�vue pour le samedi suivant � Bastia. Ma�tre Mariaggi enfonce le clou et crucifie la justice : " On juge ici un homicide alors que c'est un assassinat. " Il d�signe Christophe Pieri, " l'h�ritier de la maison Pieri ", et St�phane Sbraggia, "un lieutenant ". Les deux avocats d�noncent le r�gne de la peur. " Peut-on en vouloir � un t�moin de trembler de peur devant vous alors qu'il craint des repr�sailles contre ses parents qui habitent Lucciana", demande Me Marriagi.
" On vous demande de juger cette v�rit� que tout le monde conna�t mais que tout le monde tait " lance-t-il aux jur�s cible de tous les regards.
3�me jour du proc�s Garelli : Chez ces gens-l�, Monsieur, on vous souffle une vie comme la flamme d'une vulgaire chandelle
Hier le p�re de Christophe Garelli criait sa douleur et sa r�volte face au silence des t�moins qui ont commenc� � se succ�der � la barre de la cour d'assises de Haute-Corse. "Il n'y a que des menteurs ou des gens qui ne se souviennent plus de rien!", a lanc� cet homme de 62 ans aux traits burin�s. Il a demand� � la justice de "faire son travail" et de punir les coupables, dont "toute la population conna�t les noms". Sinon, "ce serait une honte pour l'�tat fran�ais et la justice en Corse", a-t-il lanc�, en traitant de "l�ches" ceux qui avaient tir� "dans le dos" de son fils, un p�re de famille de 27 ans. Presqu'en proie � une crise de nerf, il a presque menac� la cour d'un �v�nement grave le vendredi suivant si les jur�s ne condamnaient pas les pr�sum�s coupables.
"Le jeune Garelli �tait arriv� quelques instants auparavant � la f�te, accompagn� d'amis. Il a �t� pris � partie par un groupe d'hommes, � la buvette, et, se sentant menac�, aurait d�cid� de repartir avec un ami. C'est alors qu'il est mort", avait dit C�sar Maroselli un gendarme retrait� qui, le premier est arriv� sur les lieux du crime. Le capitaine Martin Bastiani, du SRPJ, avait racont� toute la difficult� d'une enqu�te qui doit prouver des faits et ne pas s'en tenir aux rumeurs. Or, il est de notori�t� publique que l'assassinat a �t� d�crit dans ses moindres d�tails par tous les t�moins qui ont justement refus� de t�moigner. Et c'est bien l� l'ambigu�t� de cette �le dont la population h�site entre la peur de l'autre, la peur de l'�tat fran�ais, la revendication d'une justice violente qui sert le plus souvent � pas de justice du tout. M�me les amis de Christophe Garelli affirment ne reconna�tre qu'une seule personne : la victime elle-m�me. Lors des interrogatoires, ils ont affirm� ne pas avoir vu avec qui se disputait leur ami, ni qui avait tir� sur lui.
Le choix entre l'amiti� et la peur
L'avocat g�n�ral, Patrick Beau, demande au policier : "Pensez-vous que les proches de la victime aient manqu� de sinc�rit�?" "On a cette impression", r�pond-il. C'est le moins qu'on puisse dire. "Ont-elles fait le choix entre l'amiti� et la peur?", ajoute M. Beau. "Peut-�tre", ose le policier. "Oui", r�pond un autre enqu�teur. En fait ils cr�vent de trouille. Et quelle diff�rence avec les larmes de la compagne de Christophe Garelli. Et les sanglots de sa m�re.
Aujourd'hui mercredi, l'impression est une certitude : Ventura un ami de Garelli s'en tient � des propos sibyllins. Non, il ne sait pas. Il ose seulement maintenir certains faits en pr�sence de Pieri p�re. Car Charles Pieri a t�moign� : une catastrophe humanitaire. Lui non plus n'a rien vu, rien entendu. � un moment donn� on l'a pouss� hors de la f�te en lui expliquant que tout �tait fini. Il n'a pas cherch� � savoir pourquoi ni comment. Comme un bon petit soldat il a ob�i � quelqu'un dont il est incapable de se rappeler le nom. Caricatural et grotesque si toutefois la sc�ne n'�tait pas aussi tragique.
Cet homme avait la r�putation d'�tre intelligent. Il est simplement rus�. Il a la force des l�ches. Sa troupe est mass�e sur les trav�es, le regard lourd, le cr�ne ras. On a d�j� vu le m�me tableau lors de proc�s intent� � des skin heads qui avaient tu� des immigr�s. Il y a du fasciste mis�rable dans cette atmosph�re. Et monsieur Talamoni aura beau prendre des allures de poulette courrouc�e, ses amis n'ont pas fi�re allure. Parce qu'ils sont tous venus, ils sont tous l� pour voir le Papa. Lui parfois se r�fugie derri�re sa surdit�. Et tant pis si un t�moin affirme qu'il a dit " avoir r�gl� un probl�me ". De l� � croire que le probl�me aurait pu �tre Christophe Garelli. Chez ces gens-l�, Monsieur, on vous souffle une vie comme la flamme d'une vulgaire chandelle. Et encore une fois, la Corse n'est pas que cela. Ces gens-l� sont simplement le tourment et le d�shonneur de cette soci�t� qui se targue un peu trop souvent de poss�der un sens de l'honneur plus pouss� qu'ailleurs. Il n'appara�t en tous les cas pas beaucoup dans ce pr�toire.
On n'apprend rien mais on est content de l'apprendre
La pr�sidente avait tenu � ce que son proc�s soit exemplaire. Elle a donc fait venir Marie-H�l�ne Mattei qui � l'�poque convolait en de fausses noces avec Charles Pieri, le sicaire devenu chef. Elle a de l'allure la bougresse. Toute de noire v�tue, elle attire le regard. Et comme elle sait parler, on ne voit plus qu'elle. Elle explique avec des accents de v�rit� ce qu'elle a vu. On n'apprend rien mais on est content de l'apprendre. Cette femme apporte un quelque chose en plus dans ce proc�s atroce. Et on apprend que Bozzi, le t�moin capital qui avait fui quelque part a �t� retrouv� � Marseille et qu'il va �tre men� de force devant le tribunal. La preuve que lorsqu'on veut se donner un peu de mal on y arrive. On apprend que la jeune Viola est la m�re de l'enfant de St�phane Sbraggia ce que tout le monde a l'air d'apprendre y compris l'entourage de St�phane Sbraggia.
Ce petit monde n'est r�ellement qu'une bande de cit� qui fornique � couilles rabattues dans les coins, s'enfile en guirlande et joue les machos de HLM en brandissant des flingues � tout va sans qu'� l'�poque les forces de l'ordre ne s'en �meuvent. Ils n'ont pas d'�motion. � les croire, ils n'ont plus jamais reparl� de l'assassinat apr�s cette sombre nuit d'�t�. Plus jamais c'est jur� sur tout ce qu'ils ont de sacr�, ce qui montre qu'ils ne respectent pas grand-chose d'ailleurs. La rumeur d�signe deux d'entre eux comme les assassins. � les entendre, ils s'en moquent comme de leur premier meurtre. Ils ne donnent pas l'impression d'avoir craint grand-chose de la justice. � l'�poque.
Policiers trop bavards et t�moins approch�s
D'ailleurs il se raconte une bien curieuse histoire � Bastia. Tout ce beau monde �tait inform� pas apr�s pas de l'avancement de l'enqu�te par quelques policiers un peu beaucoup bavards. Le petit monde pieriste avait l'assurance qu'il ne se passerait rien de grave. Les t�moins avaient �t� approch�s comme on dit et s'�taient r�tract�s. Quand deux policiers sont arriv�s un mois et demi plus tard devant la maison de Pieri � Furiani, c'�tait tellement inattendu (vous pensez des policiers chez Charles Pieri, non mais je r�ve) que celui-ci a aussit�t pens� � un guet-apens pour le tuer. Jean-Michel Rossi s'�tait d�j� rendu de son plein gr� pour �chapper � une vengeance suppos�e du RAID qui semblait en avoir gros sur la patate apr�s la mort de leur lieutenant Canto � Ajaccio. Et voil� Pieri qui avec son intelligence modeste, se dit que s'il appelle la presse, il ne lui arrivera rien. FR3 Corse et la radio entourent la maison. Que faire ? se demandent alors les policiers qui ne faisaient qu'apporter une convocation du commissariat afin d'entendre des t�moins. Le juge d�s lors pr�vient les autorit�s polici�res de Paris qui, elles, trop heureuses de "pouvoir se faire Pieri " envoient le RAID et la DNAT. Et voil� Pieri ferr� par sa propre b�tise et sa trouille. Mais comment aurait-il pu imaginer �tre arr�t� lui qui rendait tellement de services aux forces de l'ordre en donnant de temps en temps quelques renseignements � l'instar d'ailleurs de son fr�re ennemi Fran�ois Santoni.
Retour au proc�s Garelli : les t�moins ont parl� et n'ont rien dit. On s'achemine en courant vers l'acquittement. Plus de doutes l�-dessus. D'ailleurs il serait injuste de condamner les deux petites gouapes sur aussi peu de faits. Tant pis pour elles. Elles vont sortir et rouler des m�caniques. Jusqu'au grain de sable. Car on me l'a dit et r�p�t�. Il y a toujours un grain de sable dans ces cas-l�. C'est peut-�tre le seul domaine o� la Corse ob�it � des lois scientifiques.
En attendant, Nicolas Sarkozy a annonc� qu'il viendrait samedi � Bastia. Cet homme a le sens de l'�-propos. L'homme de la rue appr�cie sa fermet�. Il esp�re seulement qu'elle ne restera pas venteuse comme cela a �t� tellement le cas dans le pass�.
La d�fense pointe l'absence d'�l�ment mat�riel contre Christophe Pieri et St�phane Sbraggia
2�me jour du proc�s Garelli Les saigneurs de guerre et le silence des moutons
Imaginons seulement que la Corse ne soit pas la Corse mais une banlieue de seconde zone. Imaginons qu'elle ne soit pas habit�e par de fiers indig�nes qui vous ram�nent � tout propos les 15 ans d'ind�pendance v�cus au XVIIIe si�cle mais qu'ils apparaissent sous leur jour le plus commun comme un m�lange de braves gens pour la plupart parsem� de quelques canailles comme il s'en trouve dans toutes les communaut�s humaines. Imaginons qu'on ram�ne la Corse � sa juste dimension ni plus ni moins : 250.000 habitants plut�t �g�s, plut�t ennuyeux et gu�re plus aventureux que la moyenne de nos concitoyens. D�s lors, on comprendra que le proc�s Garelli pourrait fort bien, folklore en moins, se ramener � une affaire crapuleuse qui a vu une bande de voyous s'imposer par la terreur dans un petit lieu peupl� de pauvres gens apeur�s. Et c'est peut-�tre l� le myst�re de cette Corse que de faire croire � tout un chacun qu'elle est autre chose que ce qu'elle est r�ellement.
� voir Charles Pieri, d�figur� par un attentat monter les escaliers du palais de justice accompagn�e d'Olivier Sauli, au visage d�form� de naissance, tous deux suivis d'une bande de gardes du corps aux corps gras et au cr�ne ras�, on se serait cru dans un coin perdu des environs de Bruxelles ou de Valenciennes. Ni plus ni moins. La douleur de la famille Garelli �tait celle qu'on lit h�las toutes les semaines sur le visage des victimes de ces barbares si ordinaires qu'a d�nonc�s le ministre de l'Int�rieur fran�ais lors de son allocution t�l�vis�e. La Corse pourrait n'�tre que cela : le rendez-vous manqu� d'une chance historique au profit de petits rendez-vous m�diocres de re�tres en mal de reconnaissance.
En ce deuxi�me jour d'audience du proc�s de deux militants nationalistes, Christophe Pieri et St�phane Sbraggia, devant les assises de Haute-Corse � Bastia pour le meurtre le 21 ao�t 1998 de Christophe Garelli, policiers et gendarmes ont racont� leur enqu�te. On ne saura jamais pourquoi ils ont tant tard� � arr�ter les deux principaux suspects quand ces deux l� savaient le lendemain de l'assassinat que la rumeur les d�signait comme coupables. Les avocats des accus�s ont eu beau jeu de faire remarquer que le dossier �tait vide.
Ec�urement lassitude face � cette ambiance pourrie
"Vous n'avez rien recueilli contre eux", a lanc� Me Seatelli au capitaine Martin Bastiani. Cet avocat Seatelli est le fr�re d'un baron de la Brise de mer, assassin� il y a quelques ann�es du c�t� de Furiani justement. Il avait �t� le premier mari de Marie-H�l�ne Mattei, l'�g�rie du FLNC Canal historique repr�sent� par ses chefs successifs, Fran�ois Santoni puis Charles Pieri dont elle a �t� successivement la ma�tresse. Les Corses t�moignent de leur �c�urement et de leur lassitude de cette ambiance pourrie. Marie-H�l�ne Mattei a fait savoir que sa d�pression cons�cutive � son incarc�ration pour racket en compagnie de Fran�ois Santoni l'emp�chait de se pr�senter. Une personne fragile !.
Gendarmes et policiers ont t�moign� de la peur qui plane sur les t�moins. Qui irait en effet accuser le fils du seigneur de guerre Charles Pieri, saigneur � ses moments perdus si l'on en cro�t la rumeur tellement insistante qu'elle finit par laisser des traces. La dignit� de la famille Garelli est impressionnante. La salle est encore une fois remplie des amis de la famille Pieri reconnaissables � leur fa�on de s'imposer. Pour celui qui a bourlingu� en Sicile ou en Colombie, les hommes de main ont tous la m�me morgue et la m�me brutalit� dans les gestes, dans le regard. Le p�re de Christophe Garelli a dit sa peine, sa col�re face � une justice qui bafouille au nom justement de la justice. Les avocats sont persuad�s de l'acquittement. Le dossier est trop mince et sans t�moin il sera impossible de d�montrer quoi que ce soit. Mais pour autant, les Bastiais pr�disent de sombres jours � ces pr�sum�s innocents.
1er jour Proc�s difficile du meurtre d'un nationaliste corse
La victime et les accus�s appartenaient � des organisations nationalistes rivales. Visages ferm�s et v�tements sombres, les proches de Christophe Garelli et ceux Christophe Pieri et St�phane Sbraggia ont d'ailleurs emprunt� deux escaliers diff�rents pour rejoindre la galerie du tribunal, o� ils ont form� deux groupes distincts qui se tournaient le dos.
Parmi les nombreux spectateurs qui ont pris place dans la salle d'audience, se trouvait la garde rapproch�e de Charles Pieri qui l'entourait.
L'ancien leader de la principale organisation nationaliste A Cuncolta �tait convoqu� en tant que t�moin, de m�me que 38 autres personnes, mais seuls 26 des t�moins se sont effectivement pr�sent�es � l'ouverture.
Une absence a �t� remarqu�e: celle de R�gine Bastin, "unique t�moin oculaire", comme l'a rappel�, au nom de la partie civile, Me Jean-Michel Mariaggi, qui a d�plor� "l'amn�sie g�n�rale qui frappe les t�moins de cette affaire", et a demand� son renvoi, sans succ�s. Les informations donn�es par R�gine Bastin, �g�e de 15 ans � l'�poque des faits, avaient permis d'�tablir un portrait-robot des agresseurs de Christophe Garelli. Mais l'adolescente n'avait pas reconnu apr�s coup Christophe Pieri et St�phane Sbraggia d'apr�s leur photo.
La jeune femme a invoqu� un accouchement r�cent et difficile pour expliquer son absence au proc�s, excuses que la cour a jug�es valables. Il semble qu'une autre cause soit �voqu�e en dehors du palais. Un homme, Fernand Bertini, boulanger, �tait tu� le 3 octobre 2001 en Haute Corse non loin d'un lieu appel� Castello-di-Rostino. Fernand Bertini, connu des services de police pour d�tention d'armes et vols � main arm�e. Mais surtout il semblerait qu'on l'ait comptabilis� dans les assassinats qui frappaient alors les militants suppos�s d'Armata corsa, l'organisation clandestine suppos�e �tre proche de Fran�ois Santoni et Jean-Michel Rossi. Autre particularit� de Fernand Bertini : il semblerait qu'il vivait avec la s�ur de R�gine Bastin. Celle-ci d�j� effray�e par la personnalit� des individus qu'elle avait d'abord reconnus �tait revenue sur son t�moignage. Apr�s le meurtre de son beau-fr�re, elle s'est mur�e dans le silence.
Trois t�moins absents ont �t� invit�s � se pr�senter et un mandat d'amener a �t� d�livr� � l'encontre d'Anthony Bozzi. Il se trouvait aux c�t�s de la victime le soir du meurtre et, selon Nathalie Carrara, compagne de Christophe Garelli, il lui aurait dit que les accus�s �taient les auteurs du meurtre. Anthony Bozzi affirme n'avoir jamais tenu ces propos. Lui aussi semble �tre t�tanis� par la peur m�me s'il �tait un ami de Christophe Garelli.
Tous les t�moins � charge se sont donc r�tract�s. Sur les 250 personnes qui participaient ce 20 ao�t 1998 � Lucciana, pas une n'a vu Christophe Garelli se faire agresser et encore moins se faire tuer. Et la pr�sence de Charles Pieri n'enl�ve rien � la pesanteur de l'ambiance. Christophe Pieri affirme ne pas comprendre pourquoi il est l�. St�phane Sbraggia affirme n'avoir "rien � voir, ni de pr�s ni de loin, avec cette affaire".
Le proc�s durera toute la semaine.
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