Il y a dix ans le FLNC Canal historique assassinait Robert Sozzi
LUNDI, 16 juin 2003
Il y a dix ans exactement, le 15 juin 1993, le FLNC Canal historique, secteur de Bastia, assassinait son ancien militant Robert Sozzi. Cette mort survenait alors m�me qu�un d�bat faisait rage au sein du FLNC historique. Le secteur de la Gravone, mis en difficult�, cherchait alors � trouver une place entre le secteur de Bastia dirig� par Charles P� alli� � celui de la Marana dirig�e par J-M. V� et le secteur d�Ajaccio dirig� par Fran�ois S� alli� au secteur de l�extr�me sud dirig� par J-B. C� et celui de Balagne dirig� par J-M. R� Le secteur de la Gravone faisait alors savoir au secteur bastiais que Robert Sozzi, agent de Bast Securita qui s��tait rapproch� de militants d�extr�me-gauche parmi lesquels Pantal�on Alessandri, allait chercher � tuer trois dirigeants du FLNC compromis avec Jean-Fran�ois Filippi. Ce dernier �tait accus� en tant que � patron � du SCB Bastiais, d�avoir �t� responsable du drame de Furiani. L�effondrement d�une tribune avait provoqu� la mort de pr�s de vingt personnes et occasionn� des blessures � des milliers d�autres.
Il avait suffi qu�une voiture de Filippi soit plastiqu�e pour que la rumeur prenne de l�ampleur et que Robert Sozzi soit tu� par des hommes tr�s proches, mais vraiment tr�s proches du chef du secteur bastiais.
Le meurtre sera revendiqu� officiellement par le FLNC Canal historique au mois d�ao�t suivant et salu� par une salve d�applaudissements. Cet assassinat marquera le commencement r�el de la guerre entre factions nationalistes.
On sait aujourd�hui que l� � information � du secteur de la Gravone �tait totalement bidonn�e et n�avait pour raison d��tre que de diviser les deux secteurs dominants.
Depuis la veuve de Robert Sozzi attend toujours un geste de ceux qui ont approuv� l�assassinat de son mari, ceux qui ont � donn� l�information � ont sign� l�appel A Tramula pour � comprendre les racines de la violence � et le secteur bastiais continue � prosp�rer.

Six ans plus tard la veuve de Robert Sozzi �crivait � Corse Matin dat� du 3 juin 1999 :


� Il y a bient�t 6 ans, mon mari �tait l�chement ex�cut� par le Canal Historique. Et bien que n'�tant pas arm�, ses tueurs ne lui laiss�rent aucune chance. Faut-il rappeler que mon mari, comme cela a �t� d�montr� par le comit� Sozzi, �tait un homme int�gre dont le seul crime a �t� son id�alisme. D�j� � l'�poque, le comit� Sozzi d�non�a "l'exploitation m�diatique et, encore plus ignoble, l'exploitation politicienne du cadavre de Robert Sozzi; les alliances pr�sentes ou futures �tant plus importantes pour les appareils politiques".
En effet au bout de six ans, la situation appara�t de plus en plus inqui�tante. Des �v�nements r�cents ont donn� lieu � des alliances "contre nature". Les ennemis d'hier se retrouvent dans des manifestations communes et discutent autour de la m�me table. Comment est-il possible que l'on puisse �tre contre certains, quatre mois auparavant, et avec eux ensuite en passant sur des cadavres. Certains pr�texteront "une paix essentielle et n�cessaire". Pour cela sont-ils pr�ts � oublier certaines phrases de la Cuncolta: "l�gitime d�fense pr�ventive"... "� situation exceptionnelle; mesure exceptionnelle!" En pr�f�rant rejoindre ceux qui condamnent sans condamner la mort d'un pr�fet.
Alors que ces derniers continuent � assumer la mort d'un de leurs; comment les plus mod�r�s se "pr�tendant d�mocratiques" peuvent-ils rejoindre certains membres de la Cuncolta alors qu'ils ont pris � un moment donn� le meurtre de mon mari comme fer de lance de leur campagne, car, �tant un des rares assassinats revendiqu� � ce jour.
Quand on voit, aujourd'hui, les discours de certains comme M. Talamoni, qui devrait faire preuve d'un peu de pudeur... N'oubliez pas que vous avez reni� l'un des v�tres et pire, vous avez cautionn� son ex�cution, alors que vous �tiez un membre � part enti�re de l'ex�cutif de la Cuncolta. Quant � la pr�somption d'innocence dont vous nous rabattez sans cesse les oreilles, vous �tes bien mal plac� pour en parler car non seulement mon mari a �t� jug� par le Canal Historique, mais aussi ex�cut� par lui. Cela allant bien plus loin que des peines de prison.
Y a-t-il eu depuis une condamnation publique de la mort de mon mari par ceux de votre mouvement? Non!
Et le Canal Historique, que vous soutenez, alors qu'il se disait le d�fenseur du peuple corse (...) a assassin� mon mari, un enfant de ce peuple, pour qu'il ne puisse pas exprimer ses opinions, entra�nant ainsi comme on le sait la Corse dans une spirale de violence.
Paradoxalement, l'ennemi n'�tait alors plus en ces temps troubl�s l'�tat mais les autres branches du nationalisme. Un �tat que vous avez pris plus tard comme "partenaire". Vous ne manquez pas de culot en crachant aujourd'hui dans la soupe en rejetant toute faute sur lui.
Nous ne sommes pas dupes (...) Quand vous parlez d'"�le de fous" ou plut�t de "l'�le des justes" o� vous situez-vous? Parce que quand on a une telle id�e de la justice on peut se poser la question: que signifie le mot "juste" pour vous? (...) La d�rive fasciste de certains doit �tre bien grande pour qu'aucune le�on n'ait port�.
� quinze jours de l'anniversaire de la mort de mon mari, bien que celui-ci ait toujours �t� de gauche, il est malheureux que seuls les partis politiques traditionnels socialiste ou communiste continuent � d�noncer son assassinat, donnant ainsi une le�on � certains qui feraient mieux de se remettre en question.

Laetitia Sozzi �
On attend toujours un mot de compassion des militants du FLNC.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s